Qui est à l'origine de cette idée ?
Alfred Beaufort et Roger Louis(cliquez pour voir leur biographies), deux amis.
Un circuit de ciné-club existe dans les communes du canton, mais la location des films est onéreuse et cela pose des problèmes financiers aux clubs.
Nos deux amis ont l'idée, ensemble ou séparément, nul ne le sait, de créer un télé-club à Nogentel. Ainsi, au fil des mois, le ciné-club disparait au profit du télé-club.
a) techniques
En France, en 1950, la télévision n'en est qu'à ses balbutiements ; environ 300 foyers possèdent un poste. Il n'y a qu'une chaîne, en noir et blanc, et un seul émetteur à la tour Eiffel d'une portée maximale de 100 Km. Nogentel est à 80 Km à vol d'oiseau. Pourra-t-on capter les ondes ?
Il n'est pas facile de trouver des techniciens pour installer et régler un téléviseur.
b) financières
Un téléviseur ne peut, comme les films du ciné-club, servir à plusieurs communes. Nogentel ne peut compter que sur lui.
L'amicale laïque n'est pas riche du tout.
Or un téléviseur coute 110 000 francs, 170 000 francs avec l'installation totale. Une 2CV Citroën, 280 000 francs.
En 1950, il faut donc 2 800 heures de travail à un "smicard" (100 frs de l'heure en 1951) pour acheter la voiture, et 1 100 heures pour acheter le téléviseur.
Aujourd'hui, le "smicard" (9€ de l'heure) s'achète une voiture de 9 000€ (Logan) en 1000 heures, un téléviseur de 900€ en 100 heures environ.
c) humaines
Nogentel ne compte qu'un peu plus de 500 habitants. Personne ne connait la télévision, 97 % ne savent même pas qu'elle existe.
Seront-ils interessés par cette idée ? Viendront-ils aux séances ? Accepteront-ils d'ouvrir leur porte-monnaie pour un tel projet ?
Une seule solution : les convaincre par une démonstration gratuite.
a) l'installation
Monsieur Roger Louis convainc la société Philips de lui prêter le matériel et monsieur Bonjean et les frères Frémont (qui tiennent des magasins de radio-électricité dans la rue Carnot à Château-Thierry) de faire l'installation.
L'antenne de 17 mètres est dressée près du monument aux morts. Le téléviseur est placé dans la classe de monsieur Beaufort (salle des maraîchers). Il est transformé pour avoir un écran de 120 cm. Un ampli est installé dans le grenier.
La distribution de tracts et la publicité faite par les élèves décident un grand nombre d'habitants à venir voir et découvrir la télévision (certains n'ont pas encore la radio chez eux)
b) le débat
Monsieur Roger Louis explique le projet : le téléviseur sera acheté par souscription auprès de tous les habitants qui le désirent. Il réussit à les convaincre de l'intérêt de la télévision.
a) financière
Des actions de 500 francs sont émises. A. Beaufort installe deux "thermomètres" (un à l'école, l'autre au café). Ils indiquent la somme atteinte chaque jour. En 8 jours, on atteint les 110 000 francs. C'est un triomphe !
b) matérielle
Le téléviseur reste installé dans la classe de monsieur A. Beaufort. L'image est projetée sur un écran en argent dépoli.
Les téléspectateurs s'assoient aux places des élèves. ou sur des bancs.
Le programme est affiché sur un panneau fixé à la grille de la cour.
Chaque séance est suivie d'un débat qui traite de l'émission.
Petit à petit, les "prêteurs" sont remboursés de leurs souscriptions.